L'exploitation minière est une activité économique essentielle pour le Canada et le Chili, qui ont plus de facteurs en commun qu'on ne le pense. Les deux pays se distinguent en tant que leaders mondiaux dans la production de minéraux tels que le cuivre, l'or et le lithium, ainsi que pour leur engagement en faveur de l'innovation et de la durabilité dans le secteur. Cet article explore la tradition minière du Canada et du Chili, en mettant l'accent sur les synergies, les investissements, les grandes sociétés minières, les projets d'exploration, la technologie et les relations d'affaires qui stimulent le développement de l'industrie dans les deux pays.

Un peu d'histoire

L'exploitation minière au Canada

L'exploitation minière au Canada remonte au XVIIe siècle, avec la découverte de gisements de charbon sur l'île du Cap-Breton en 1672. La première exploitation minière à l'échelle industrielle a été une mine de fer aux Forges du Saint-Maurice, au Québec, qui a fonctionné de 1738 à 1883. À partir du XIXe siècle, l'industrie minière canadienne connaît une croissance importante, stimulée par la découverte de l'or au Québec et la ruée vers l'or en Colombie-Britannique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la production de métaux stratégiques tels que l'uranium a pris de l'importance. Depuis les années 1980, les sociétés minières canadiennes se sont développées à l'échelle mondiale, consolidant ainsi leur présence sur le marché international.

Au Canada, l'exploitation minière représente actuellement environ 1,5 % du PIB, et 4,5 % si l'on tient compte de la transformation et de la fabrication. Le gouvernement canadien, tant au niveau national que local, offre des incitations à l'activité minière, notamment des déductions fiscales et des reports d'impôts pour l'exploration et l'exploitation minières.

L'exploitation minière au Chili

L'exploitation minière est présente dans l'histoire du Chili depuis l'époque précolombienne. Les peuples indigènes qui habitaient le territoire chilien extrayaient le cuivre de la cordillère des Andes pour la fabrication d'outils et d'ornements. Avec l'arrivée des Espagnols, l'exploitation de l'or et de l'argent est devenue une activité importante au cours du XVIe siècle. Cependant, c'est au XIXe siècle que l'exploitation du cuivre a commencé à prendre de l'importance, sous l'impulsion de la révolution industrielle et d'une demande internationale croissante.

Le Chili s'est imposé comme l'un des principaux producteurs mondiaux de cuivre au cours des XIXe et XXe siècles, attirant les investissements étrangers et l'expertise minière. Au milieu du XXe siècle, le Chili est devenu le deuxième plus grand producteur de cuivre au monde, après les États-Unis, et dans les années 1980, il est devenu le premier producteur mondial. Outre le cuivre, le Chili est le premier producteur mondial de lithium, d'iode et de nitrates naturels.

L'exploitation minière, en particulier celle du cuivre, a été un pilier fondamental du développement économique et social du Chili, stimulant l'investissement, la création d'emplois et la croissance du pays ^6.

Investissement minier

Le Canada et le Chili sont des acteurs majeurs de la scène minière mondiale, attirant et mobilisant d'importants investissements dans le secteur.

Le Canada, dont Toronto est l'épicentre financier, canalise un flux important d'investissements miniers mondiaux. Les entreprises canadiennes, très présentes à la bourse de Toronto, recherchent des opportunités à l'échelle internationale, en se concentrant sur la stabilité réglementaire et juridique des pays d'accueil. Le Mexique, avec un potentiel d'investissement estimé à 12 milliards de dollars américains d'ici 2025, et le Pérou, où les investissements canadiens ont augmenté de 27 % au cours des cinq dernières années, atteignant 14 milliards de dollars américains, en sont des exemples, avec un intérêt particulier pour les projets de cuivre et de lithium.

Le Chili, quant à lui, connaît un dynamisme remarquable en matière d'investissements miniers. L 'investissement total devrait s'élever à 83,181 milliards de dollars US entre 2024 et 2033, soit une augmentation de 26,6 % par rapport à la période précédente. Ces investissements, réalisés par des entreprises publiques et privées, se concentrent sur des projets concernant le cuivre, l'or, le minerai de fer, le lithium et d'autres minéraux industriels. D'ici 2025, des investissements de plus de 7,7 milliards de dollars sont attendus dans des projets de cuivre, avec la participation d'entreprises telles que Antofagasta Minerals, Collahuasi et Codelco, cette dernière ayant un investissement annuel prévu de 5,2 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

Exploration minérale

Au niveau de l'exploration, les deux pays présentent leurs propres défis. Alors que le Canada doit concilier l'exploration minière avec les droits des populations autochtones et la protection de l'environnement, le Chili se concentre sur l'innovation technologique pour surmonter la complexité de l'exploration de nouveaux gisements de cuivre dans un contexte géologique diversifié.

Le Canada se caractérise par un système de "libre entrée" qui permet aux entreprises de délimiter les concessions minières. Ce système a toutefois suscité des tensions avec les communautés autochtones, qui revendiquent leurs droits sur les territoires et les ressources. En réaction, certaines provinces, comme l'Ontario, ont adopté des amendements qui obligent les entreprises à consulter les populations autochtones avant le début des travaux d'exploration. En outre, le Canada compte plusieurs zones protégées où l'exploration minière est restreinte ou interdite, ce qui suscite un débat sur l'équilibre entre le développement économique et la conservation de l'environnement.

Le Chili, quant à lui, a principalement axé son exploration sur la recherche de cuivre dans des systèmes de type porphyre, où il possède les plus grandes réserves au monde. Cependant, la difficulté croissante à trouver des gisements de surface a incité à mettre en œuvre de nouvelles technologies et de nouveaux modèles conceptuels afin d'optimiser l'exploration. La diversité géologique du Chili, avec différents types de gisements de cuivre, a conduit à l'adaptation des techniques d'exploration, allant de la cartographie géologique et de la géochimie au forage et à la géophysique.

Technologie minière

L'industrie minière au Canada et au Chili subit une profonde transformation technologique, motivée par la nécessité d'améliorer l'efficacité, la sécurité et la durabilité des opérations. Les deux pays se distinguent par l'adoption de technologies de pointe qui optimisent les processus miniers et minimisent l'impact sur l'environnement.

Principales innovations :

• Capteurs et surveillance : des capteurs avancés sont utilisés pour la classification des minéraux, le contrôle de la qualité de l'air et la surveillance de l'environnement en temps réel.
• Électrification et automatisation : L'électrification des véhicules lourds et la mise en place de flottes de camions autonomes sont des exemples de la manière dont l'industrie minière réduit les émissions de CO2 et augmente l'efficacité. Des entreprises telles que BHP et SQM au Chili sont à la pointe de ces innovations.
• Intelligence artificielle et Big Data : l 'analyse de l'IA et du Big Data est utilisée pour optimiser l'exploration, prédire les défaillances des équipements et améliorer la prise de décision. Des algorithmes avancés analysent de grands volumes de données pour identifier des modèles et optimiser la gestion des ressources minières.
• Traçabilité des processus : L'analyse de l'IA et du Big Data est utilisée pour optimiser l'exploration, prédire les pannes d'équipement et améliorer la prise de décision. Des algorithmes avancés analysent de grands volumes de données pour identifier des modèles et optimiser la gestion des ressources minières.
• Blockchain et traçabilité : la blockchain est utilisée pour assurer la traçabilité et la transparence de la chaîne d'approvisionnement, lutter contre le commerce illégal des minerais et garantir aux consommateurs l'approvisionnement responsable des matériaux.
• Énergie renouvelable et durabilité : La transition vers une exploitation minière plus durable se traduit par l'utilisation d'énergies renouvelables, telles que l'énergie solaire et éolienne, afin de réduire l'empreinte carbone et les coûts énergétiques. Le programme Towards Sustainable Mining (TSM) de l'Association minière du Canada est un exemple d'initiative visant à promouvoir des pratiques responsables.
• Impression 3D, réalité virtuelle et drones : L'impression 3D facilite la fabrication de pièces détachées et d'outils, la réalité augmentée (RA) et la réalité virtuelle (RV) sont utilisées pour la formation des travailleurs, et les drones améliorent l'exploration et la surveillance des opérations.
• Biomining et Internet des objets : le biomining est utilisé pour extraire des métaux de manière plus écologique, tandis que l'Internet des objets (IoT) permet de collecter des données en temps réel afin d'optimiser le fonctionnement, de prévenir les défaillances et d'améliorer la gestion des ressources.

Relations commerciales entre le Canada et le Chili dans le secteur minier

Le Canada et le Chili entretiennent des relations commerciales étroites dans le secteur minier, favorisées par l'accord de libre-échange (ALE) entre les deux pays, en vigueur depuis 1997. Cet accord a facilité le commerce et l'investissement dans le secteur minier, générant une croissance significative des exportations et des importations de minéraux et de produits connexes.

Le Canada est le premier investisseur étranger au Chili, en particulier dans le domaine de l'exploitation minière et des services connexes. Les entreprises canadiennes ont investi dans des projets miniers au Chili et, à leur tour, les entreprises chiliennes ont cherché des débouchés sur le marché canadien. En 2022, les exportations totales du Chili vers le Canada ont dépassé 1 362,7 millions de dollars américains, dont 773 millions de dollars américains en cuivre.

Synergies entre les traditions minières canadienne et chilienne

La collaboration entre le Canada et le Chili dans le secteur minier s'est renforcée ces dernières années. Les deux pays partagent des défis communs, tels que la nécessité d'accroître la productivité, d'améliorer la durabilité et de renforcer le permis social d'exploitation ^23.

Voici quelques exemples de synergies entre les traditions minières canadienne et chilienne :

• Projets communs : Des entreprises canadiennes et chiliennes ont conclu des alliances pour développer des projets miniers au Chili, comme l'alliance entre Teck Resources et Enami.
• Échange de connaissances et de technologies : les deux pays ont encouragé le transfert de technologies et l'innovation dans le secteur minier, par le biais d'initiatives telles que le premier sommet de l'innovation minière Chili-Canada, organisé par Alta Ley et MICA.
• Coopération en matière de recherche et de développement : Corfo et le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) ont établi un partenariat pour soutenir des projets d'innovation entre les deux pays. Cette initiative vise à promouvoir des projets de RDI entre les entreprises et les centres de recherche des deux pays, dans le but de développer des solutions innovantes pour l'industrie minière.
• Accords de coopération : par l'intermédiaire de la Chambre canado-chilienne, des entreprises des deux pays participent en permanence à des relations et missions commerciales, dans le but de renforcer le développement économique et technologique des deux pays.

La tradition au service d'un avenir meilleur.

Le Canada et le Chili partagent une solide tradition minière, avec une longue histoire de développement et d'innovation dans le secteur. Les deux pays bénéficient de relations en matière d'investissement, de technologie et de commerce qui stimulent la croissance de l'industrie minière. Les synergies entre les deux pays ont été renforcées ces dernières années, grâce à des projets communs, au partage des connaissances et à la coopération en matière de recherche et de développement. Cette collaboration contribue à la création d'une industrie minière plus durable, plus productive et plus responsable dans les deux pays, capable de relever les défis de l'avenir, tels que la demande croissante de minéraux essentiels pour la transition énergétique et la nécessité de minimiser l'impact des opérations sur l'environnement.